9ème Festival des Ecoles, MC93, Bobigny
Lycée Louise Michel, Bobigny
Mai 2018, Les Suppliantes, d’Eschyle
Traduction, adaptation et mise en scène : Ismini Vlavianou
Masques, costumes : Anne Mériaux
Intervenant artistique : Samir Siad
Avec 28 élèves de Première et de Terminale de l’Atelier Théâtre du lycée
Pièce : Les Suppliantes d’Eschyle
Traduction, adaptation, mise en scène : Ismini Vlavianou
Masques, décors, costumes : Anne Mériaux
Sur la pièce : Fuyant un mariage forcé avec leurs cousins les Egyptiens, les Danaïdes quittent le Nil et prennent le large en direction d’Argos, accompagnées de leur père Danaos. Argos, cité égalant Athènes par sa justice sociale et politique, est le pays d’origine de leur ancêtre Io… Le roi Pélasgos et les Pélasges leur accorderont ils l’asile politique ?
Les Suppliantes, pièce où est mentionnée pour la première fois « la démocratie », est la seule tragédie antique où le Chœur tient le rôle principal.
I. V.
Avec
ALTUN Dogan (1ES2), ANWAR Sara (1L), BEDJAIT Melinda (1STMG2), BELABBES Farah (1S2), BLANC Marie (TST2S), BLAVO Bénédicte (TES1), BOLEK Fatma (TL), BOURGUIBA Anyssa (TSTMG2), BRICE Chloé (TES/L), CISCAR Laura (1S2), DIE-PHAURE David (1ES1), DOGRUL Suna (TL), DOUKANSE Ismaël (1ES2), GASSAMA Aminata (TL), GBAKAYORO Jennifer (1STMG4), JILANI Rania (1S1), KIVONGELE Leonardo (1ES2), LAIFAOUI Anissa (TES/L), LISSER Sarah (1S3), MANUEL Chanseli (TL), MARZOUK Myriam (1S3), MASSENGO Djélissa (1STMG2), MAVUNGU Jennyfer (1STMG3), SAEED Hamza (1ES1), SILJEGOVIC Alexandre (TES/L), SODHI Samy (TL), OULEDI MEHAL Enricka (1STMG4), UTKUN Hatice (1L)
Le projet Les Suppliantes a obtenu le Prix d'entreprise des Talents, Prix de la Fondation Égalité des Chances, juin 2018.
Texte d'une élève actrice, Fatma B.
Cette année nous préparons Les Suppliantes, écrit au Ve siècle avant J-C par Eschyle, avec une adaptation de l’une de nos professeures de théâtre : Mme Vlavianou.
A la première lecture je n’avais pas vraiment aimé la pièce, notamment par le fait qu’elle comporte un chœur composé de plusieurs filles, nécessitant un mouvement en commun au même moment. Par la suite, au fur et à mesure que j’ai pris connaissance de la pièce, je l’ai particulièrement aimée pour son fond qui m’a exposé ce que j’ignorais par ma propre volonté sur mes origines et m’a poussée à affronter le sort des femmes de ma famille, victimes de la destinée, telles les Danaïdes dans notre pièce, obligées à se marier avec leurs cousins. Par l’incarnation du rôle de la Coryphée, avec des paroles exprimant la résistance mêlée au désespoir des Danaïdes, je ne me contente pas uniquement de jouer un rôle. Étant sensible envers la cause féminine, je rends hommage en même temps aux femmes de ma famille et toutes les femmes dans les quatre coins du monde, qui n’ont malheureusement pas eu, voire toujours pas la légitimité de s’opposer aux décisions du patriarcat. Lorsque je dis : « Je voudrais être une fumée noire…plutôt périr dans une chute mortelle que de subir contre ma volonté un mariage criminel », je pense à ma tante qui s’est suicidée suite à un mariage forcé, ou encore à ma grand-mère ayant essayé de s’enfuir la nuit des noces et qui fut arrêtée par mon grand-père, abandonna désespérément son corps dans les bras de ce dernier.
Je représente par ailleurs ma condition en tant qu’immigrée en France à travers les Danaïdes venues à Argos avec l’espoir d’être protégées sur ces terres. Lorsque l’une de mes camarades dit : « Comprends-tu mes paroles en dépit de mon accent barbare ? », je pense à moi qui n’ai pas toujours les mêmes privilèges que les personnes de mon entourage, alors que je suis passée par le même parcours scolaire, en ayant acquis les mêmes connaissances.
A la fin de la pièce, avec l’incarnation de la coryphée, mes paroles « optant pour le meilleur du pire et pour la voix du milieu » représentent la phosphorescence au milieu des ténèbres où se trouvent les Danaïdes désespérées face à la destinée. En prononçant ces mots, en tant qu’une jeune fille de 18 ans, j’exprime par ailleurs ma foi en l’évolution des mœurs et du regard de la société.
Ainsi la pièce des Suppliantes parvient à avoir un impact sur les « acteurs », avec sa force due notamment au fait qu’elle reste contemporaine en étant à l’origine antique. Ce qu’elle représente de plus difficile, mais en même temps de formidable est le mouvement du chœur avec différents corps, des filles de différentes origines ethniques exprimant la même tristesse et revendiquant les mêmes droits. Je vois cela comme un beau tableau qui devrait être un bel exemple dans le monde, en poussant les femmes qui partagent la même peine à se réunir pour faire entendre leurs voix.